Dans la tête d’un migrant Afghan en France
En tant qu’un interprète afghan, je voudrais partager quelques conseils qui peuvent être pris en considération, pour bien apporter son aide aux demandeurs d’asile venant d’Afghanistan.
La
première chose concerne des différences culturelles entre la France et
l’Afghanistan. La France et l’Afghanistan, c’est comme les deux faces d'une
même pièce de monnaie. La même espèce humaine mais avec beaucoup de différences.
Avant
d’arriver en France, en particulier, les Afghans n’ont que des rumeurs dans
leurs têtes par rapport à ici. La plupart des Afghans n’ont jamais quitté
l’Afghanistan. Ils y sont nés et puis morts sans avoir visité au moins un pays
voisin. Dans ces circonstances, ils n’ont
pas l’occasion pour connaître les cultures étrangères. Il est difficile pour un
Afghan de croire que, avant d’arriver en Europe, le soleil et la lune sont les
mêmes en Europe qu’en Afghanistan. Lorsqu’il y a une personne afghane en face
de vous, il ne faut pas la considérer comme un Français. Pour un Français, il
est facile de dire que 2 fois 2 est égal à 4 mais, la plupart des Afghans ne
sont pas allés à l’école.
Une
fois arrivé en France, lorsqu’ils découvrent que la vraie vie n’est pas ce
qu’ils pensaient avant le départ, ils commencent à avoir le choc. Un choc
culturel dans lequel ils se perdent psychologiquement.
Malheureusement,
beaucoup d’Afghans souffrent des problèmes de santé mentale alors qu’ils n’en
sont même pas au courant. Cette méconnaissance de leur état de santé résulte
notamment du manque d'éducation à l'école et dans le milieu familial. La santé
mentale c’est toujours un sujet
tabou
dans la société afghane et un énorme sentiment de honte y est associé. La
guerre, l’analphabétisme et la pauvreté sont les causes de ces problèmes. En
outre, les Afghans n’aiment pas entendre des mots tels que « maladie
morale, troubles psychologiques, psychiatre, psychologue » car ils se sentent
instantanément menacés de « fou/folle » dans leurs têtes. C’est
dommage, mais en Afghanistan, on se moque des gens qui consultent un psychologue
ou un psychiatre.
Les
problèmes psychologiques peuvent avoir une influence sur la santé physique. Un
stress permanent entraine des douleurs physiques telles que le reflux
gastrique, l’hypertension, maux de tête, manque d’appétit, manque de
concentration et tremblement des membres de corps. Il est à noter qu’en cas de
ces problèmes, il est fort probable que ce soit lié au stress, l’anxiété ou
d’autres problèmes psychologiques.
A
cause des différences culturelles, certains ne savent pas comment se comporter
lorsqu’ils discutent avec une personne étrangère – une personne française. La
phobie sociale se propage. En Afghanistan, les gens ne rencontrent presque jamais
des étrangers. J’ai entendu beaucoup d’Afghans disant qu’ils se sentent plus stressés
en France qu’en Afghanistan. La raison est simple : le stress causé par la
phobie sociale. Ils ont peur de quoi dire ou quoi répondre à une personne
française ou d’autres personnes européennes lors d’une conversation/rencontre. Cette
étape d’intégration est cruciale.
Le
manque de savoir-faire concernant le mode de vie sexuelle et amoureuse leur pose
également un problème. Ils ne savent pas vraiment comment établir une relation
amoureuse ou sexuelle. Ils n’ont que des rumeurs avant le départ d’Afghanistan à
l’égard de ce sujet mais, la vérité, ici, est une autre chose.
En revanche,
les Afghans ont une excellente capacité d’apprendre les choses. Ils arrivent à
apprendre une nouvelle langue très rapide. Pourtant, il leur faut des moyens pour
apprendre des choses et un esprit calme et déstressé. Je connais des Afghans illettrés
qui ont pu apprendre le français avec la méthode dite « langage
sifflé » : sans connaître les règles grammaticales.
L’intégration
dans une nouvelle société ne fonctionne pas par force mais, par une mise en
place des moyens d’apprentissage et ceci
prend naturellement du « time ». L’organisation
des réunions d’information est pareillement indispensable pour apprendre les
vrais codes de vie sociale.
La barrière
linguistique doit être ôtée. Aujourd’hui, grâce aux efforts des bénévoles, il
existe des cours de français mais, ce n’est pas suffisant. A mon avis, il vaut
mieux que les cours de français soient organisés et rendus obligatoires dès la
signature de contrat de séjours dans les Centres d’Accueil pour les Demandeurs
d’Asile gérés par l’OFII. Avec cette stratégie, ils seront déjà mieux intégrés une
fois la protection de la France obtenue et aussi, prêts à travailler sans avoir
des difficultés linguistiques. Tout le monde sait, d'ailleurs, que les démarches de demande d'asile prennent des années. Ce serait un avantage à la fois pour eux mais
aussi pour l’Etat – car ils ne seront plus à la charge de l’Etat financièrement.
En
préférence, une mise en place des moyens de communication entre les Afghans et
les Français est aussi à mettre en œuvre. Celle-ci est possible par organiser des activités
sportives, les visites des lieux touristiques comme des châteaux et participer
aux spectacles.
Bien
que des Afghans ne soient pas allés à l’école mais, ils sont beaucoup plus
intelligents que celles et ceux qui ont perdu leurs cheveux dans les bibliothèques. 😊
Par : Murtaza SAHIM
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